Henri Mertens – Le Sénateur – II

Henri Mertens (c) archives du Sénat de Belgique.

Comme je le proposais dans le précédent article sur Henri Mertens, je suis passé au Sénat consulter leurs archives. Malheureusement, à l’époque de Henri, les sénateurs n’avaient pas de bureau sur place et donc le Sénat n’a pas conservé de documents préparatoires ou autres documents de travail de ses interventions. Mais ma visite ne fut pas vaine.

Elément personnels

D’abord quelques documents sur “la vie” de Henri : 

Le Sénat détient dans son dossier une photographie de Henri Mertens que je ne connaissais pas (l’image est malheureusement très pâle).

On y trouve également, et assez étrangement, une copie conforme d’un extrait d’acte de naissance de son père, François-Charles Mertens, qui date de 1912. Il s’agit sans doute d’une nouvelle procédure mise en  place lors de cette législature-là.

Acte de naissance Franz Karel Mertens de 1912 (c) archives du Sénat de Belgique.

En 1919, pour l’ouverture de la nouvelle législature, juste après la guerre, nous avons une déclaration de résidence dans la commune de Cruybeke signée par le bourgmestre faisant fonction (Henri était toujours bourgmestre en titre de Cruybeke et ce depuis décembre 1894).

Déclaration de résidence de 1919 (c) archives du Sénat de Belgique.

Pour celles et ceux que cela intéresse, remarquons le cachet avec l’ancien blason de Cruybeke (de sinople chargé d’une licorne d’argent) alors que les armes de Kruybeke depuis 1987 sont blasonnées : Coupé de gueules et d’argent. L’écu timbré d’une licorne d’argent issante. (la licorne est sortie de l’écu ! Le timbre étant au-dessus de l’écu).

Autre élément important trouvé dans cette documentation du Sénat : la très belle signature de notre ancêtre.

Signature

Enfin un document qui reprend ses postes de représentant de ses concitoyens en vue de l’octroi de la décoration civique.

Médaille civique de 1er classe

La Décoration civique est une décoration civile belge. Elle fut instituée le 21 juillet 1867 pour

récompenser aussi bien les services rendus au pays après une longue et méritante carrière dans l’administration que ce soit au niveau local, provincial ou national que les actes exceptionnels de courage, de bravoure, de dévotion et d’humanité.

En avril 1919, Henri Mertens a déjà passé 18 ans (et 10 mois) comme sénateur, 29 ans au conseil communal (28 ans et 3 mois), depuis le 15 décembre 1890, dont 3 comme échevin (de 1891 à 1894) et 25 comme bourgmestre. On ne compte pas, là-dedans, l’interruption pour la guerre. 

En tant que sénateur, c’est la Médaille civique de 1er classe (25 ans de service mais haut rang) qu’il se voit décernée.

(c) archives du Sénat de Belgique.

Le décès de Henri Mertens

La plupart des documents du dossier du Sénat concerne la mort inopinée de Henri et les procédures entourant son enterrement. Rappelons qu’il était présent au Sénat lors de la dernière séance de la session 1919-1920 le 27 octobre 1920 et que la séance inaugurale de la session 1920-1921 a eu lieu le 9 novembre alors que lui est décédé le 3 novembre.

Vous remarquerez, au passage, que les différents services de la poste et du télégraphe fonctionnent avec une rapidité digne d’Amazon à l’époque… Par contre, je suppose que, vues les nombreuses ratures, les lettres sont juste des brouillons qui auront été dactylographiés par la suite…

Voici (dans l’ordre chronologique) les documents du dossier.

Commençons par le télégramme envoyé par la famille au Sénat (le 4 novembre à 22h13 !)

Télégramme de la famille au Sénat (c) Archives du Sénat de Belgique

Et la réponse du greffier du Sénat le lendemain (11h30), présentant les condoléances et proposant les termes de la cérémonies.

Télégramme du Sénat à la famille (c) Archives du Sénat de Belgique

Puis la réponse de la famille le 7 novembre.

Télégramme 2 de la famille au Sénat (c) Archives du Sénat de Belgique

Pendant ce temps, le 5 novembre, le Sénat a également contacté le ministre de la Défense nationale pour les honneurs militaires. Le Sénat demande également à Monsieur de Kerkhove d’Ousselghem, sénateur le plus ancien de la province, de représenter le Sénat à la cérémonie et éventuellement de prévoir un discours.

Lettre du Sénat au ministre de la Défense (c) Archives du Sénat de Belgique
Lettre à Mr de Kerkhove (c) Archives du Sénat de Belgique

Alors que la famille, via Joseph Van In, beau-fils de Henri et mari de Mathilde (Tilly) Mertens (3ème fille et 5ème enfant de Henri et Marie-Josèphe) envoie les faire-part de décès au Sénat pour les sénateurs (dont copie ci-dessous également).

Courrier de J Van In (c) Archives du Sénat de Belgique
Faire part de décès

A propos de ce faire-part, remarquons un petit oubli : pour le 3ème nom dans la liste, il manque le prénom « Albert ». Rappelons qu’à ce moment là, en 1920, trois fils de la famille sont déjà décédés : Adolphe en 1911, Charles, mort au champ d’honneur en 1918 et Joseph (à l’âge de 4 ans en 1889), La famille Goethals-Mertens est celle de Mathilde-Marie-Sophie Mertens, la soeur de Henri, seule survivante de cette génération et Henri Pauwels est le beau-frère de Henri dont l’épouse Marie-Louise est décédée en 1918.

On ne chôme pas au greffe du Sénat et le lendemain, 6 novembre, la présidence annonce au Ministre de l’Intérieur la nomination de Monsieur de Lausnay (en fait Delannoy), suppléant dans la liste catholique au mandat de Henri pour terminer celui-ci.

Lettre au ministère de l'intérieur (c) Archives du Sénat de Belgique

Monsieur de Kerkhove fait parvenir une petite note au greffier : une crise de goutte l’empêche de se rendre à la cérémonie. Il avait contacté ses collègues Claeys et t’Kint de Roodenbecke qui sont également empêchés et propose monsieur Du Bois pour le remplacer.

Note de Mr de Kerkhove (c) Archives du Sénat de Belgique

Pour finir, ce sera le sénateur Coullier de Saint Nicolas qui représentera le Sénat. Petite précision encore, l’uniforme de sénateur (voir photo de Henri Mertens ici) n’est plus vraiment d’actualité après la guerre par l’arrivée de sénateurs moins aisés notamment dans les rangs socialistes, d’où l’habit noir et la cravate blanche.

Télégramme (c) Archives du Sénat de Belgique

Et voici, après la cérémonie, encore deux courriers du Sénat à la famille : l’un présentant les condoléances officielles de l’institution après sa séance du 9 novembre (le premières condoléances étaient présentées par le greffe de l’institution) ; l’autre envoyant à la Marie-Josèphe Erix-Mertens les discours prononcés au Sénat en l’honneur de Henri.

Télégramme (c) Archives du Sénat de Belgique
Lettre (c) Archives du Sénat de Belgique

Je terminerai par la « fiche » du Sénateur Henri Mertens qui reprend sa carrière au Sénat et ses décorations. Parmis celles-ci, nous retrouvons la médaille civique dont j’ai déjà parlé mais également celle de chevalier puis Officier de l’Ordre de Léopold (ci-dessous à gauche) et une Décoration spéciale de mutualité de 1ère classe (ci-dessous à droite). Cette dernière est octroyée pour des membres d’association ayant soutenu leur communauté ou association pendant de longues années.

La décoration de l’Ordre de Léopold fut établie en 1832 sous l’impulsion du comte Félix de Merode, ministre d’État. Elle est décernée pour mérites exceptionnels et s’étend dans tous les domaines.

(c) Archives du Sénat de Belgique

PS: Si vous utilisez ces images, indiquez bien qu’il s’agit d’archives du Sénat de Belgique (sauf les médailles).

1 réflexion au sujet de « Henri Mertens – Le Sénateur – II »

  1. Bonjour Yves,
    Très bel article malgré la déception de n’avoir pu trouver des archives concernant notre aïeul. Mais quoi de plus motivant pour débusquer d’autres documents et d’en faire un article intéressant sur la vie et notoriété de Henri.
    Un beau cadeau pour nos descendants qui découvriront ou se rappelleront qui était Henri Mertens.
    Encore merci pour ton implication.
    Didier

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