Henri Mertens – Le sénateur

Notre ancêtre, Henri Mertens (né le 27 décembre 1851 à Cruybeke1 et décédé le 3 novembre 1920), outre sa profession de brasseur, fut également impliqué dans la politique de sa commune et de son pays pendant les trente dernières années de sa vie. Dans ce petit article, je vais tenter de parcourir son action en tant que sénateur. La source principale en sont Les annales parlementaires accessibles dans leur intégralité sur le site du Sénat de Belgique.

Contexte politique

A sa naissance, en 1830, la Belgique connaissait bien une certaine division gauche (composée en majorité de libéraux pratiquants ou, tout au moins respectueux des principes régissant le monde catholique.) – droite (inspirée de l’idéal catholique-libéral) mais les premiers gouvernements belges ont tenté de garder une certaine neutralité entre ces partis (ce dernier terme est encore anachronique) notamment jusqu’à la paix complète avec les Pays-bas en 1839. Cette période fut celle de l’unionisme. Certaines fissures apparaissent ensuite sur certains sujets notamment sur les limites de la liberté. La rupture se confirme en 1846 avec la création du Parti libéral. Les catholiques s’organiseront en parti seulement plus tard, notamment après trois congrès à Malines en 1863, 1864 et 1867 qui visaient à coordonner les oeuvres et associations catholiques. Celles-ci ont notamment été boostées par le soutien du mouvement flamand, les hommes politiques catholiques étant apparemment moins hypnotisés par la culture française que certains libéraux « doctrinaires » de la deuxième moitié du XIXème siècle.

En 1884, les catholiques remportent une importante victoire électorale et se maintiendront au gouvernement jusqu’à la première guerre mondiale. Ce succès est notamment dû aux réponses que les oeuvres sociales catholiques donnent au malaise social grandissant, lié aux conditions économiques des ouvriers et des agriculteurs et ouvriers agricoles. En 1885, le Parti Ouvrier Belge (POB) est créée dans cette perspective mais l’Eglise ripostera avec la bulle rerum novarum du pape Léon XIII en 1891 qui jette les bases de la doctrine sociale de l’Eglise.

Un autre élément ayant conduit au maintien au pouvoir du parti catholique est l’effort de propagande : elle s’exerçait sur l’individu dès son plus jeune âge, principalement dans les écoles catholiques mais aussi via les patronages ou encore via les oeuvres féminines, le parti se rendant compte de la place des femmes dans la société.

Henri Mertens se présentera aux élections sénatoriales sous la bannière de ce parti catholique.

Le système de scrutin en Belgique

Rappelons que pendant tout le XIXème siècle en Belgique, le vote est censitaire, c’est à dire que seuls les hommes de plus de 25 ans et payant un impôt (1% de la population en 1831) votent ainsi que, depuis 1883, les diplômés de médecine et ceux qui exercent une fonction notable dans l’Etat (avocats, notaires, etc.)

Suite à la pression du POB et de grandes grèves, une réforme constitutionnelle mène en 1893 au suffrage universel (masculin) tempéré par le vote plural. Chaque homme disposait d’une voix, mais il était possible d’obtenir une à deux voix supplémentaires, sur la base de critères liés aux revenus, au patrimoine ou en raison de l’obtention de certains diplômes ou de l’exercice de certaines professions. Le vote devient également obligatoire.

Après la guerre, en 1919, on passe au suffrage universel masculin pur et simple et les femmes n’obtiendront le droit de vote aux élections communales qu’en 1921.

Donc Henri a été élu par des hommes, dans un système où la bourgeoisie est surreprésentée par le mode de suffrage plural jusqu’en 1919.

De la politique dans le village de Cruybeke

Le service des concitoyens était une affaire de famille : le père de Henri Mertens, François-Charles avait déjà été bourgmestre de Cruybeke et le fils de Henri, Antoine, le sera plus tard.

Je n’entre pas, dans cet article, dans cette analyse de cette partie de leur vie publique par manque de documentation sur leurs mandats.

Notre ancêtre, Henri Mertens, rentre donc au conseil communal de Cruybeke le 22 décembre 1890. Il y devient échevin le 15 janvier1891 et bourgmestre le 18 septembre 1894. Il le restera jusqu’à sa mort en 1920.

A côté de cela, à partir de 1900, il entame une carrière de sénateur.

Le Sénateur

Lors des élections législative de mai 1900, quatre sénateurs sont élus pour l’arrondissement Termonde-Saint Nicolas (dont Cruybeke fait partie) :

  • Sur la liste 1 ( Parti Catholique – 55 791 voix donnant droit à 3 sièges) : le comte Florimond de Brouchoven de Bergeyck, le comte Adolphe de Ribeaucourt, et Henri Mertens;
  • Sur la liste 2 (Parti Libéral – 15 654 voix donnant droit à 1 siège) : Mr. Charles Boëyé (industriel du sucre);

La 4 juillet 1900, les nouveaux sénateurs prêtent serment. Henri Mertens et Charles Boëyé, notamment, prêtent serment en flamand. Nous verrons dès les premières interventions de Henri Mertens, que la défense de la langue flamande lui tient à coeur. Mais d’abord, il est nommé à la commission Industrie et Travail du Sénat à laquelle il sera associé jusqu’à la fin de ses mandats (sauf lors de son dernier mandat après la guerre où il sera dans la commission Travaux publics).

Henri Mertens sera un sénateur assidu. Une seule absence est reprise le concernant, le 5 décembre 1901 « pour un deuil en famille » (sans doute suite au décès de son père, François-Charles mort le 19 novembre).

Petite précision sur le fonctionnement du Sénat à l’époque : il n’y a pas de consignes de vote partisanes. Souvent, Henri votera comme les partenaires de son parti (d’ailleurs, très régulièrement, même s’il y a des discussions, il n’y a pas réellement de vote d’opposition) mais parfois, il votera le contraire ou s’abstiendra.

La défense de l’industrie brassicole

La toute première intervention de Henri Mertens comme sénateur (outre sa prestation de serment) concerne la défense de son métier de brasseur. Il commente et félicite le gouvernement d’avoir modifié un projet de loi sur les lois organiques de la brasserie « notre grande et important industrie« 2 . Deux jours plus tard, il défend la suppression d’accise sur les farines pour l’industrie brassicole3.

Quelques jours plus tard, il s’oppose à un droit d’entrée sur les houblons étrangers. Il ne nie pas le problème que subit à ce moment l’industrie houblonnière (notamment à cause de la concurrence des houblons américains) mais, pour lui, la cause est à voir au niveau belge : une baisse de qualité du houblon belge. Cependant, il remarque des efforts importants pour relever la qualité perdue du houblon belge par des améliorations à tout niveau, culture (notamment avec la séparation des plantes mâles et femelles – comme le signale l’intervention suivante du sénateur Lambiotte), cueillette, séchage. Henri remet donc en question le droit d’entrée au profit de la défense d’un soutien accru aux cultivateurs belges et aux groupements qui promeuvent les amélioration de cette culture.

Deux ans plus tard, il se plaindra encore de la baisse de qualité du houblon belge qui est la cause, selon lui, des pertes de part de marché de ce houblon, plutôt que le fait de taxes douanières. Il enjoint le ministre de l’agriculture de réfléchir sur le sujet (comme son homologue français l’a fait sur les mêmes causes d’une crise du houblon français).

Apparemment son appel sera entendu car une commission extra-parlementaire sera mise en place. Il en remercie l’honorable ministre de l’agriculture lors de la séance du 3 mai 1904, employant des mots forts par rapport à cette industrie houblonnière : « Tous nous déplorons le marasme dans lequel gît notre culture [du houblon], et nous formons des voeux pour son prompt et durable relèvement. Seuls les moyens d’y arriver nous divisent : les uns placent leurs espérances dans un régime douanier protecteur : les autres, au contraire, ne voient le salut que dans ce moyen qui a si bien réussi en d’autres pays, notamment en Alsace, le perfectionnement de la culture et l’amélioration des produits ». Soulignons au passage qu’à l’époque, la Belgique consommait 4 millions et demi de kilos de houblons4.

La culture houblonnière et sa longue crise ne sont pas les seuls problèmes des brasseurs relayés par Henri Mertens. Il reprend également la lutte, inclue dans une pétition de l’Association des Brasseurs du Pays de Waes, contre une suppression, au niveau des licences, de la disctinction entre débits de bières et débits de liqueurs fortes5.

Après la guerre, il continue sa lutte pour défendre le redressement de l’industrie de la brasserie belge et au passage, nous découvrons un peu l’histoire de la bière belge aux alentours de la première guerre mondiale. Les anglais ont pu continuer à produire de la bière durant la guerre. Son stockage (faute de pouvoir l’écouler sur le marché euroipéen) en a fait une bière plus forte, appréciée des consommateurs belges dès la fin de la guerre. Par contre, de leur côté, les brasseurs belges ont dûs se contenter de saccharine jusqu’au début 1919, ce qui fait baisser le taux d’alcool de 4° à 2° de leur produit et manquaient de matière première (orge et malt). Henri interpelle donc le ministère de l’agriculture pour libéraliser (limiter les taxes sur) les importation d’orge, de malt et de sucre, indispensables à une reprise des brasseries belges : « qu’on nous donne des orges, du sucre et nous ferons de la bonne bière6«  dit-il.

Le Pays de Waes et sa région

Elu du pays de Waes, Henri Mertens se doit de défendre ses concitoyens de la rive ouest de l’Escaut.

Notamment, lors d’une séance de mai 19027, durant la discussion du budget des recettes et dépenses extraordinaires de l’année 1902, il se lance dans une longue diatribe sur les promesses de travaux faites au pays de Waes mais jamais entamées ou achevée. Il votera cependant le soutien au budget.

L’année suivante il s’oppose au budget général car il ne voit pas d’avancée dans les projets de communication entre les deux rives de l’Escaut et l’assainissement et le déssèchement des polders de son arrondissement8 (il reviendra encore sur ce dernier point l’année suivante).

Le 28 septembre 1907, un accident entrainant 3 morts aura lieu entre le transbordeur qui relie la gare du pays de Waes à l’autre rive de l’Escaut et un autre navire. Ce sera encore une fois l’occasion pour Henri Mertens de demander aux ministres concernés de trouver une solution pérenne (un passage permanent) : « Je me tourne donc du côté de M. le ministre des chemins de fer et je lui demande, à lui, l’homme aux idées larges et démocratiques, de vouloir sans désemparer s’occuper de la question. Je demande à M. le ministre des travaux publics, si soucieux des intérêts de la métropole, qu’il veuille se souvenir que la rive gauche est aussi une rive belge, et qu’il s’entende avec son collègue des chemins de fer pour donner une solution à cette question d’importance capitale.9« 

Transbordeur entre Anvers et la pays de Waes datant de la fin du XIXème siècle. Un second transbordeur sera construit au début du XXème siècle. Henri Mertens parle de 4 millions de passager par an et 150 000 véhicules avec des jours de plus de 50 000 passagers.

Lors du vote du budget des chemins de fer pour l’année 1905, il revient sur un point apparemment débattu depuis longtemps : « J’ai l’honneur d’attirer la bienveillante attention de M. la ministre des chemins de fer sur la nécessité du raccordement de la ligne de chemin de fer du pays de Waes à la gare d’Anvers-Sud.10«  Apparemment, le dossier date d’avant 1897. Il y reviendra l’année suivante et encore en 1909, après, dit-il, vingt-cinq ans durant lesquels le gouvernement a fait la sourde oreille à ces revendications11.

Pour l’anecdote, reprenons une de ses remarques concernant la traversée de l’Escaut en 1909. « D’un coup de plume [le ministre des chemins de fer] a quadruplé le prix de la traversée entre Anvers et la rive gauche, des automobiles. Au lieu de 1 fr. 50 c. par double traversée, nous payons actuellement 6 francs12. Si je dis 6 francs, c’est un grand minimum; ceux qui usent de ce service savent que souvent, quand on est pressé, on a à payer 4 ou 5 francs pour reprendre le tour d’un autre. Si vous voulez éviter des difficultés sur le bateau, il est prudent de passer la pièce aux ouvriers au service de l’Etat. Je pourrais vous citer, monsieur le ministre, un grand nombre de personnes qui payent régulièrement des gratifications à votre personnel.13«  Si ce n’est pas dénoncer de la corruption de fonctionnaire, je ne m’y connais guère !

Henri reviendra encore plaider la cause des habitants du pays de Waes de nombreuses fois et notamment suite à des inondations, crues et grandes marées de l’Escaut le 12 mars 1906, à des inondations de l’Escaut, la Lys, la Dendre en 1914.

La défense de la langue flamande

Si Henri Mertens doit garder une (petite) place particulière dans l’histoire de notre pays et de ses institutions, c’est sans doute pour sa défense de la langue flamande au sein du Sénat, une institution quelque peu conservatrice.

Nous avons déjà souligné que Henri, comme quelques autres sénateurs, prête serment en néérlandais. Rappelons que ce n’est qu’en 1898 (deux ans avant son premier mandat), que la « loi d’égalité » plaça le flamand au rang de seconde langue officielle. Le texte des lois, les inscriptions sur les timbres, les monnaies, les bâtiments publics furent désormais bilingues. Le flamand était donc reconnu comme langue officielle au même titre que le français qui, dans les faits, conservait pourtant une large prééminence. Au niveau du Sénat, il semblerait que les premiers serments de sénateurs prêtés en flamands datent de l’élection de 1884 par messieurs Cogels et Van den Bemde, du baron Bethune et de Monsieur Lammens de l’arrondissement de Courtrai et de Mr Van Ockerhout de l’arrondissement de Bruges.

Dès sa toute première intervention au Sénat, durant la discussion du budget en séance plénière du 26 décembre 1900 (et oui, au Sénat on travaillait le lendemain de Noël), en défendant l’intérêt des brasseurs, Henri pose les bases en affirmant haut et fort : « Elu du pays flamand, il conviendrait de prendre la parole dans la langue qui m’est si chère, et que mes commettants désirent si ardemment que je parle en cette enceinte. Mais je pense que dans une question spéciale comme celle que je compte traiter, tout en faisant mes réserves et en gardant mes préférences, je manquerais à la courtoisie en employant une langue qui n’est pas familière à la majorité de cette assemblée. Messieurs, je désire dire quelques mots du projet de loi modifiant les lois organiques de la brasserie. […]

Deux jours plus tard, lors de la séance du 28 décembre 1900, il justifie son abstention sur le vote (majorité contre opposition) du contingent pour 1901 (et oui, les abstentions doivent être justifiées) en passant outre de ses propos de la séance précédente :

“- De heer Mertens: ik heb niet neen willen stemmen omdat ik de noodzakelijkheid erken van een voldoende leger (protestations à gauche) en het aanwerven van het contingent niet wil tegenkanten.
M. Dupont: on nous avait promis que jamais on ne parlerait flamand au sénat.
M.d’Andrimont: je demande la traduction.
De heer Mertens: ik heb niet ja willen stemmen om protest aan te teekenen tegen den overdreven geest van militarismus die in sommige kringen heerscht en die, niettegenstaande’s land wil, er in gelukt de lasten van het leger jaarlijks te verzwaren en wiens onverzadelijke eischen schijnen te stijgen in evenredigheid van den afkeur die hij het land inboezemt.
M.d’Andrimont: Nous n’avons rien compris. C’est un manque de courtoisie.
M. Dupont: on avait promis que jamais on ne parlerait flamand au sénat. C’est une assemblée où la courtoisie a toujours régné (bruits).
M.d’Andrimont: Nous ne comprenons pas ce langage.
M.Mertens: Je ne crois pas avoir manqué de courtoisie. 
M.d’Andrimont: M.Mertens sait très bien le français puisqu’il parle cette langue.
M.De Mot: Il parle même mieux le français que le flamand. (Bruyante hilarité à gauche).
M.Devolder: Ne vous échauffez pas.
M. Van Vreckem: Cela ne vaut pas la peine. On ne peut, d’ailleurs, discuter les abstentions.
VOIX A DROITE : Traduction !”14

Nous avons donc ici, ce 28 décembre du nouveau siècle, la première intervention en flamand dans le cadre du Sénat, intervention légèrement chahutée… Echaudé, Henri ne parlera plus flamand en séance du Sénat (sauf pour les prestations de serment). Il ne sera d’ailleurs plus parlé flamand au Sénat avant la guerre.

Il n’en oubliera cependant pas la défense du flamand. En mai 191015, on le verra défendre vigoureusement un projet de loi Segers-Franck, déjà adopté à la Chambre qui valide l’emploi et la certification en flamand dans le degré moyen supérieur de l’enseignement (secondaire).

En juin 1913, il défend une loi établissant un équilibre entre les langues flamande et française dans l’armée dont 2 tiers du contingent sont flamand : « Le troupier pourra désormais s’adresser dans sa langue maternelle, la seule qu’il parle et qu’il connaisse peut-être à ses supérieurs. Ceux-ci le comprendront et devront le comprendre [..]« 16.

Lors d’une de ses dernières interventions, en août 1920, il regrettera qu’une discussion sur une loi linguistique votée par la Chambre soit remise sine die. « Il est de toute nécessité que cette loi, qui constitue un premier pas dans le redressement des griefs de la population flamande, soit votée au cours de la présente session [..] la population flamande considérablement cette remise comme un acte d’indifférence à l’égard de ses droits et de ses aspirations les plus légitimes. L’expérience nous a malheureusement appris combien il en coûte parfois de ne pas solutionner en temps opportun les causes justes et démocratiques. [..]17« .

Et je passe ici certaines autres de ses interventions pour défendre le flamand pendant tout ses mandats.

Divers

Lors de cette même séance d’août 1920, Henri défendra la mise à l’ordre du jour de la loi sur la journée de travail de 8h et la semaine de 48 heures ainsi que la modification de l’article 47 (aujourd’hui 61) de la Constitution sur le suffrage universel non plural (déjà acquis par une loi, inconstitutionnelle, du 9 mai 1919).

Petit élément un peu étrange dans sa carrière de sénateur, à plusieurs reprises (et parfois seul contre tous), il dit non à la naturalisation d’étrangers. Il s’agit à chaque fois de français, de luxembourgeois ou de prussiens. Si possible, une analyse de ses documents parlementaire que je ferai dans le futur, me permettra d’éclairer cette prise de position quelque peu étranges pour un homme qui semble avoir des idées assez progressistes.

Un hommage unanime

Henri reste actif jusqu’à la dernière séance de la session parlementaire 1919-1920, le 27 octobre 1920. A la séance d’ouverture de la session 1920-1921, le 9 novembre, après sa mort, apparemment inopinée18, le 3 novembre, ses collègues sénateurs de tout bord lui rendent un vif hommage.

L’hommage du président du Sénat, le baron de Favereau, reprend les éléments déjà notés : « M. Mertens trouvait, dans le projet de loi sur la journée de huit heures, l’occasion de défendre les intérêts de la petite industrie et notamment de la brasserie, auxquelles il n’a cessé de consacrer les plus persévérants efforts... [..] Les intérêts de sa circonscription étaient l’objet de sa constante préoccupation. Chaque année il réclamait avec les plus vives instances de meilleurs communications entre les deux rives de l’Escaut [..].19« 

M. Braun, pour la droite, le comte de Brouchoven de Bergeyck, pour l’arrondissement de Saint-Nicolas, le comte Goblet d’Aviella, pour la gauche libérale, M. Coppieters, au nom de la gauche socialiste ainsi que M. Delacroix, premier ministre s’associent à l’hommage du président du Sénat, reconnaissant sa compétence, son dévouement.

Laissons le dernier mot de cet articulet à ce dernier : « Tous ceux qui l’approchaient savaient que son écorce un peu rude recouvrait un coeur tendre. Sous la sévérité des critiques qu’il adressait au gouvernement, on sentait une nature cordiale et loyale. C’était une figure dont le souvenir restera gravé dans la mémoire de tous ceux qui ont siégé avec lui dans cette enceinte. »


      1. Je reprend la graphie de l’époque du village actuel de Kruibeke. ↩︎
      2. Annales parlementaires du Sénat, session 1900-1901, p.73. ↩︎
      3. id., session 1900-1901, p. 109 ↩︎
      4. Aujourd’hui, en Belgique, 23 producteurs de houblon cultivent 181 ha de houblon, parmi les quels 155 sont exploités par 18 producteurs de la région de Poperinge. Le rendement en agriculture conventionnelle et avec irrigation va de 1200 kg à 2200 kg/ha selon la variété. ↩︎
      5. id., session 1907-1908, p. 89. ↩︎
      6. id., session 1919-1920, p. 381. ↩︎
      7. id., session 1901-1902, pp. 450-451. ↩︎
      8. id., session 1902-1903, p. 593. ↩︎
      9. id., session 1907-1908, pp. 7-10. ↩︎
      10. id., session 1904-1905, p. 767. ↩︎
      11. Le problème en question ne sera résolu qu’avec le tunnel Saint-Anne (piétons et vélos) et le tunnel Waasland (voitures) construits à partir de 1932 et inaugurés le 10 septembre 1933. ↩︎
      12. Pour donner une idée de la valeur, un ouvrier belge travaillant 6 jours par semaine pouvait gagner entre 50 et 120 francs par mois, selon son secteur et son niveau de qualification (diverses sources). ↩︎
      13. id., session 1908-1909, p. 674. ↩︎
      14. id., session 1900-1901, p. 121. ↩︎
      15. id., session 1909-1910, p. 492. ↩︎
      16. id., session 1912.1913, p. 447. ↩︎
      17. id., session 1919-1920, p. 123. ↩︎
      18. La mort l’aurait frappé durant une réunion électorale. Dans son hommage, le Président du Sénat commence par s’étonner de ce décès inopiné : »Nous l’avons vu, en cette circonstance [ndlr: la séance précédente du 27 octobre 1920], plein de vie et de force. Qui d’entre nous aurait pensé qu’un collègue doué de la plus belle santé nous serait enlevé aussi rapidement ? » – id., session 1920-1921, p. 2. ↩︎
      19. id., session 1920-1921, p. 2. ↩︎

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